Voyage en Ukraine 1er au 24 août 2003. Claude.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lundi 4 août

Nous partons en excursion. Un jeune couple a accepté de nous conduire en voiture pour visiter une forteresse sur le bord du Dniestr à Kotyn. C’est un endroit historique remarquable car c’est une limite que l’empire ottoman n’a jamais pu franchir.  Jusqu’au XVII ème siècle les troupes cosaques y ont repoussées les Ottomans. La forteresse est en voie de restauration mais il manque sûrement beaucoup d’argent car l’intérieur de l’édifice est dans un état assez piteux et on distingue des traces de tentatives avortées de restaurations. Toutefois, l’extérieur est assez bien entretenu au delà des murailles. Le lieu pourrait servir de décors de cinéma. Impressionnant verrou qui paraît inexpugnable. Du haut des remparts on domine le Dniestr de façon vertigineuse.

Une demi-douzaine d’employés s’affaire sur les pelouses. Une querelle éclate entre des employés. Le ton est à la fois grave et comique alors je demande une traduction mais il ne s’agit que d’une sombre histoire de foin coupé récupéré par l’un pour ses animaux alors qu’il aurait dû partager...

Dans la citadelle, un homme, la cinquantaine, les yeux légèrement plissés et le crane dégarni, un sac en plastique à la main, m’a entendu parler français et tient à me saluer. Je trouve cela touchant. Il est russe. Habite Moscou et visite la région pour les vacances. Il parle français mais n’est jamais venu en France. Nous parlons de littérature et, très vite, de chansons françaises. Aznavour, Jo Dassin, Reggiani, Mireille Mathieu… Heureusement, j’ai sur moi un livre de paroles de chansons. Nous sortons dans les douves du château et là nous chantons pendant une heure sous le regard amusé des employés du site. Je suis impressionné par l’étendu du répertoire connu par cet homme. Nous nous prenons en photo. Une pluie fine se met à tomber.

Je lui demande ses coordonnées et lui promet de lui faire parvenir un livre de paroles et un disque de Julien Clerc qu’il ne trouve pas à Moscou. Je salue Pavel Bogomazov d’une longue et chaleureuse poignée de main.

Sur la route du retour Dima cherche le meilleur endroit pour que je puisse téléphoner en France. Depuis trois jours j’essaye en vain de donner de mes nouvelles, mais les communications téléphoniques semblent défectueuses loin des centres urbains. Nous testons plusieurs bureaux de poste et plusieurs cabines sans succès. Il me faudra attendre quelques jours pour contacter la France depuis un téléphone cellulaire et à Cernivci.

Le soir l’atmosphère est agréable. Il doit faire dans les 20-22°C. Ce ne sont pas les grosses chaleurs que connaît la France au même moment !!

On entend la musique d’une noce dans le village. Dima m’invite à aller voir les festivités de loin tout en se promenant. La lune éclaire notre chemin. C’est le seul éclairage « public » disponible. Devant la salle des fêtes les curieux assistent au défilé des invités. Des jeunes filles ont sorti de belles robes de bal brillante à souhait. Les hommes exhibent des bouteilles de vodka. La musique moldave a cessé pour la musique « protocolaire » annonçant l’entrée des mariés dans la salle où les convives attendent déjà.

La noce dure trois jours ! Nous sommes au deuxième jour et, normalement, une cérémonie que Dima traduit par «rituel du peigne» doit avoir lieu.

Les familles des mariés sont honorées de ma présence et très vite, après avoir contemplé le fameux rituel nous voilà embarqués, poussés jusqu’à la table des mariés où on nous a installés de quoi manger et boire !! Toute l’assistance nous regarde avec des sourires insistants. Je ressens une joie intense de pouvoir vivre une noce slave ! D’autant que j’ai beaucoup aimé quelques mois plus tôt « svabda »= La noce, un film de Pavel Lounguine. Cette hospitalité soudaine peut s’expliquer par la générosité de gens accueillants mais aussi dans la croyance que la présence d’un étranger est un signe de bonne augure pour les mariés. En tout cas j’apprendrai plus tard que je ne suis pas le seul à avoir été flatté ce soir là. La vodka coule à flot mais je commence par goûter du vin moldave pour commencer (il a comme un goût de rosé qui aurait été mélangé à du jus de raisin)…

Il y a au moins 200 personnes dans cette salle de noce. Beaucoup sont déjà bien fatigués après deux jours de ripailles et de vodka ! Notre présence est considérée comme un apport de sang neuf... On ne tarde pas d’ailleurs à m’inviter à danser entre les tables. Ce que j’accepte avec plaisir. La musique est prise en charge par trois hommes. Une trompette, un piano électrique et une sorte de flûte de pan (instrument moldave)

On m’invite à porter un toast aux mariés. Je m’exécute sous les applaudissements des invités et Dima traduit. Les gens me regardent avec de plus en plus d’insistance. Même le vidéaste ne filme plus que mon illustre personne en plan serré !!! Là, Dima s’énerve contre cette attention qui tourne un peu au ridicule. La musique moldave est entraînante et me rappelle beaucoup un disque de musique juive. Il y a constamment huit à dix personnes –plus souvent des hommes- qui dansent en se tenant par les mains. On vient me chercher  à chaque nouvelle danse !! Il faut que j’assure !! Je suis déjà en nage...la vodka a fait son effet… Nous poussons un long cri strident suivi de 3 cris brefs afin de dynamiser l’assemblée repus et fatiguée.

Je profite de passer devant les musiciens pour leur demander une valse. Pour ma partenaire je n’ai que l’embarras du choix ! Elle s’appelle Svetlana et danse très bien sauf que moi je commence à être transporté par l’alcool…

Une grande farandole s’improvise pour mener les convives dehors. L’esplanade offre plus de place pour danser. De grands cercles se forment pour une danse juive « simsoroc »= 7H40= l’heure des invités. J’ai déjà vu cette danse dans des films (peut-être dans « le facteur sonne toujours 2 fois ») Dans le cercle qui tourne une fille ou un garçon désigne un ou une élu(e) de sexe opposé, posant un mouchoir sur le sol et s’agenouille pour recevoir un baiser. Délicieux moment où je profite pleinement de mon statut d’invité d’honneur !!! Je suis choisi 2 fois de suite par une ravissante blonde avec une jupe plissée très courte. La musique s’arrête soudain et je me retrouve comme un idiot avec le mouchoir dans les mains.

Il est 2h30 le bal est terminé. L’esplanade se vide peu à peu. On se dit au revoir certains titubent… A ma grande surprise, la mère de la mariée s’empresse de m’apporter un grand gâteau dans un carton en me remerciant de leur avoir fait  « l’honneur de ma présence » ! Tradition d’hospitalité teintée de superstition… Il s’avère que la présence d’un étranger à des noces porte chance aux mariés.

Sur le chemin de la maison, Dima illustre par quelques exemples la superstition omniprésente en Ukraine (peut-être cela ne concerne que les campagnes ?) Il est par exemple défendu de siffler voire de chantonner à l’intérieur des maisons ! C’est le chant du diable et cela porte malheur. Une bouteille vide ne doit pas rester sur la table. Une fois vidée elle est systématiquement posée au sol. Mais celui qui s’est versé la dernière goutte peut faire un vœu en soufflant dans la bouteille et en la rebouchant aussitôt.

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