"
La condition de la femme en Ukraine "
Il est parfois intéressant d'avoir un autre point de
vue sur soi-même, et notamment la vision d'une personne étrangère, baignée
d'une culture et de moeurs différentes. Nous parlerons ici de la condition de la
femme en Ukraine. Evidemment, cette interview provoquera le chagrin de
certain(e)s, voire même l'agacement pour d'autres, bien qu'il soit possible
qu'une majorité de lecteurs soit en accord avec mon interlocuteur sur les
points principaux. J'aimerai que ces derniers soient les plus nombreux.
Jean-Francois Bougeant est
directeur du Centre français de Documentation et de Formation de Kiev, son
travail s'étend à d'autres régions que la région Kievienne, celles de Tchernihiv, Vinnitsya, Jitomir ou encore
Tcherkassi. Selon ces propres dires, il est venu en Ukraine pour "voir un
monde différent, et apprendre par lui-même, les limites de l'Europe". Certaines
choses de notre monde l'ont choqué, comme, réciproquement, certaines
expressions et idées de M. Bougeant choqueront nos lecteurs. Il a travaillé premièrement
à L'viv, où il a enseigné le français aux étudiants de l'Université, et en a
profité pour apprendre l'ukrainien. Son cursus scolaire se construit par un
passage en Université agricole et en école supérieure de Commerce. A Kiev,
il organise des discussions sur des sujets variés sous l'égide du Centre culturel Français. A un de ces
café-débats, on a examiné la condition de la femme dans la société ukrainienne.
- Pourquoi avoir
proposé comme sujet de débat "Femme: personne ou objet ?" ?
- Nous avons préparé avec ma compatriote Joanne Chikrune
cette discussion. Joanne a vécu ici pendant quelques années et a écrit une
étude très intéressante sur le mouvement féministe en Ukraine et ses
particularités. A mon avis, aujourd'hui, le thème de notre discussion est très
actuel, car les femmes ont énormément de problèmes. A l'étranger, quand on
apprend l'origine (Ukrainienne) d'une femme, on la considère souvent comme un
top-model ou comme une prostituée.
- Bien étrange !, je ne me souviens pas que
l'on m'ait considéré comme cela !
- Oui - je comprends
- c'est un bien mauvais cliché (et très naïf), mais c'est l'image de
l'Ukrainienne à l'étranger. Même les nouvelles Ukrainiennes aisées ont cette
étiquette. Une certaine proportion
d'étrangers sont persuadés qu'en Ukraine,
il est plus facile de trouver une amie ou bien une future épouse: Les
Ukrainiennes sont plus accommodantes et désirent devenir les compagnes
d'étrangers, parce qu'ils sont plus aisés. Enfin, la situation économique parle
d'elle-même, mais pas seulement. Pendant la discussion, les femmes ukrainiennes
disaient qu'elles préféraient les étrangers, parce qu'ils étaient plus attentifs à leur condition, qu'ils
écoutaient toujours leurs opinions, qu'ils étaient plus responsables, et qu'ils
ne buvaient pas autant que les Ukrainiens. Selon leur vision (des étrangers),
la femme est pour l'homme, une partenaire, et les hommes aident à élever les
enfants. Plusieurs Ukrainiennes ne pensent pas, que le mari ukrainien puisse
comprendre ce genre de problèmes ou encore rester fidèle.
- J'ai l'impression
que pour l'homme ukrainien la maîtresse est un besoin d'affirmer sa position
dominante, c'est pour lui comme l'attribut du "mâle". Un principe de
vantardise pour ses collègues du bureau et amis.
- En France, ce
comportement existait, il y a de cela environ 40 ans. Mais actuellement ce
n'est plus répandu. Si tout se passe bien, pourquoi changer ? En Ukraine je
connais beaucoup d'hommes, qui disent être heureux dans leur mariage, aimer
leur femme et leurs enfants, mais dans un même temps, avouent avoir une
maîtresse, voire plusieurs. Je trouve que c'est une sorte d'incertitude en
soi-même pas seulement sur le plan du sexe mais dans le domaine professionnel
aussi, et que cela doit dépendre de l'éducation. L'homme ukrainien ne raconte
jamais de ses échecs. Une personne sûre
d'elle n'a pas peur d'avouer que dans la vie, tout est possible.
- Avez-vous relaté à
votre mère, cette discussion ?
- Oui. Sa première question était sur les avortements. Elle
était choquée d'apprendre qu'une femme d'un âge inférieur à 50 ans en Ukraine
avait pratiqué en moyenne 8 avortements. Pour la plupart des féministes la
liberté de disposer de son corps commence par une sexualité libre, elles
considèrent ce corps comme leur propriété. Si un couple ne désire pas
d'enfants, l'homme doit partager cette responsabilité avec sa femme. Mais les
Ukrainiennes pensent que se délivrer d'un enfant non-désiré est de leur
responsabilité propre.
- Récemment encore en Ukraine les contraceptifs génériques
n'existaient pas. Il existait certains
médicaments à base d'hormones, mais qui étaient déconseillés en prise
régulière. Quand nous avons demandé aux femmes présentes, qui parmi elles
utilisaient la pilule ou d'autres moyens contraceptifs, personne ne voulait
répondre. Il est encore inconvenant de parler de ce sujet là.
- Encore un problème:
Chez vous beaucoup de gens pensent que la femme a comme but ultime: Devenir une
épouse et une mère. Pendant la discussion un homme marié a prononcé ces mots :
« La fonction de la femme - accoucher. C'est tout». Mais dans les sociétés
« civilisées » les femmes sont au même rang que les hommes, et
exercent leur influence dans différents domaines autant professionnels que
privés. D'après la mentalité ukrainienne: la femme doit "être mariée" (ici, c'est un jeu de mot, en russe et
ukrainien, être marié, c'est être "derrière son mari"), lui donner
des enfants, le soigner.
- Si j'ai trouvé des femmes en Ukraine avec lesquelles j'avais
du plaisir à discuter, des femmes intéressantes, elles avaient toujours en
général plus que 30 ans. Si une jeune fille a seulement appris d'être une
épouse et une mère, son premier souci
sera de devenir la femme de quelqu'un, de « s'adosser contre
quelqu'un » Il est vrai qu'elle
cherchera un nouveau père dans son futur mari et qu'elle ne croira pas, qu'elle
puisse d'elle-même surmonter les obstacles de la vie. Quoique la solution du
problème soit souvent dans elle-même.
- Mais cela ne
signifie pas devenir un individu. Ce sont deux choses bien différentes :
être un individu et être une femme.
- Simone de Beauvoir a dit: « Nous ne naissons pas femmes,
nous le devenons». On peut devenir femme par des voies bien différentes. Le
chemin le plus répandu en Ukraine : Devenir une épouse, jusqu'au moment où la
femme découvre que la famille n'est pas centrée sur son mari mais sur elle :
Elle travaille également comme son mari, elle élève les enfants, prépare le
repas, arrange l'appartement, lave les vêtements, ect.. Elle comprend enfin son
indépendance, sa force. C'est à partir de ce moment, que son mariage peut mener
au divorce, la femme commence à défendre ses droits, et son autonomie.
- Beaucoup
de femmes connaissent cet état d'esprit, même avant le mariage...
- En Ukraine les filles se marient souvent très jeunes, juste après
l'école. Il est simple pour le mari, de soumettre sa femme, surtout s'il est
plus âgé. Ayant donné naissance à son premier enfant,
la femme reste souvent pendant longtemps sans travailler. Et si elle avait déjà débuté une carrière avant de donner naissance à cet
enfant, cela lui sera plus simple, après ce congé de maternité de revenir à son
emploi
- Une participante a dit que beaucoup de femmes ukrainiennes étaient
traumatisées par la situation de la société ukrainienne (économique
premièrement) et ne voyaient pas de perspectives d'avenir, d'avoir une famille
normale, c'est pourquoi certaines cherchaient un homme aisé a l'étranger. Elles
cherchent ainsi une issue à leurs problèmes en quelque chose ou bien en
quelqu'un mais pas en elles-mêmes.
- Sans doute, la situation économique peut refléter de l'état de la femme
dans la société. Mais je m'étonne toujours du comportement des Ukrainiennes de
20 ans, et pourquoi sont-elles si infantiles ? En France, la maturité
mentale chez les jeunes femmes est acquise plutôt. La France a de plus
profondes racines du droit à la liberté et à l'égalité, des droits de la femme.
Elles prennent leur source dès 1789, pendant la Révolution française, quand les
Françaises ont commencé à défendre leurs intérêts, en affirmant, et en
présentant comme argument, que si elles élevaient de nouveaux citoyens, elles
devaient avoir une revalorisation de leur statut de femme dans la société. La
lutte des femmes françaises pour leurs droits est une longue, très longue
histoire.
- L'indépendance de femme est une très bonne
chose, mais dans une interview, le psychologue français Jacques Pougeole m'a
avoué, qu'en France métropolitaine, il existait un grand problème : les
divorces. De plus en plus de femmes ne veulent plus vivre avec leurs maris.
- Oui, cela concerne les femmes qui ont pris part dans les mouvements
féministes des années 60-70. La jeune
génération regarde le monde d'un autre regard, nous désirons construire des
familles complètes, et non plus monoparentales. Pour élever des enfants il est
nécessaire d'être deux, père et mère, tous deux participent au développement
mental, moral et physique de
l'enfant. Mais nous voulons l'égalité dans la relation.
- Voulez-vous dire que les hommes français rêvent faire les
courses, laver le plancher, et préparer le repas?
- Je ne veux pas vivre avec une personne qui est ma
propriété, mon objet, à qui je donne de l'argent et réclame en contre-partie
une soumission complète. Je préfère les femmes indépendantes. J'aime quand
une femme peut se mesurer avec un
homme, quand elle dit "je pourrais
survivre sans toi dans cette vie, il me suffit de peu pour cela. Mais si tu
veux nous pouvons essayer de (sur)vivre ensemble".
- Mais la vérité
est que chacune pourrait survivre seule, même si elle croit qu'elle ne le
pourrait pas. Même l'Ukrainienne qui a peur de quitter son mari qui l'offense
peut survivre aussi. Alors, où est la différence ?
- La différence est qu'une femme ne se rend pas compte de cela,
qu'une a peur, et l'autre au contraire, pas peur d'être indépendante. C'est une
différence principale entre l'Ukrainienne et la Française typique.
- Vous parlez de l'indépendance matérielle, ou de l'indépendance
psychologique?
- Je voulais dire les
deux. Quand vous pouvez subvenir à vos besoins, cela
entraîne chez vous, une sensation d'indépendance psychologique, de certitude.
- Mais en
Ukraine, il est très difficile pour la femme d'être
indépendante au sens
matériel.
- C'est pourquoi j'affirme que la situation de la femme ukrainienne est déterminée par la situation économique du
pays. L'éducation, le niveau des revenus
influent beaucoup sur sa conscience. Quoique, dans votre société, les choses changent déjà, surtout dans les grandes villes. Il y a des femmes qui se rendent compte qu'avoir une carrière est très
important, d'évoluer dans son propre univers, et de ne pas être seulement un appendice de son mari. Mais
parmi ces femmes, une grande majorité ont plus de 30 ans,
sont souvent divorcées (elles ont leur propre
affaire ou bien une bonne situation professionnelle, elles
sont bien éduquées et compétentes) ; ou
bien elles sont des
jeunes filles de familles instruites, où on leur a appris à se respecter, à faire une carrière et à trouver leur propre place dans la société. Mais la femme ne doit pas être seule, le sujet d'un apprentissage de l'indépendance, les hommes doivent aussi apprendre
de ne plus être dépendants de ces femmes
dans la vie quotidienne.
- A mon grand regret, vos organisations féministes ne sont
pas reconnues. Quand nous avons demandé aux
participantes de cette discussion, personne
n'a pu citer ne serait-ce qu'une
seule organisation. Dans un même temps, nous avions eu la liste
de plus de 200 organisations différentes de femmes
en Ukraine. Le grand problème de la mentalité ukrainienne, c'est que chacun est attentif seulement à soi-même, il ne
s'intéresse pas à ce qui se passe chez les autres. Pour les Ukrainiens,
il est très difficile de travailler sur quelque chose sans être dépendant - ils sont
habitués d'avoir un chef, qui commande et ordonne, et dit toujours ce qu'il faut faire. Vous n'êtes pas habitués à vous réunir pour défendre vos intérêts, et discuter de problèmes
importants.
- Malheureusement, le problème est dans les femmes. Soit le mari l'offense, soit
il la trompe, mais elle va
supporter, parce qu'elle est fière de son statut d'épouse. Sans un mari, la position de femme dans la société est considérée comme inférieure. Même dans les magasins, si une femme est mécontente de quelque chose,
il est possible d'entendre ces paroles : "Evidemment vous êtes
célibataire, c'est pourquoi vous
êtes si insatisfaite".
- Un autre fait : on ne désapprouve pas un homme
qui a une maîtresse. Mais si une femme mariée a un amant, tout le monde est contre elle.
- Voila, cela prouve bien ces comportements à
l'égard de la femme, considérée comme un objet. Elle n'a aucuns droits. On le voit même par le format d'adresse:
"Femme, fille" (c'est à dire qu'en Ukraine, il y avait avant
l'appellation "Camarade". Maintenant
"pan" : monsieur, "pani" : madame, "panyanka" : mademoiselle.. mais il existe
toujours le format "homme, femme").
Ce format d'adresse est très sexiste parce que l'adresse "femme"
souligne encore une certaine image d'elle, d'un objet sexuel.
- Mais à propos de cela, il existe toujours chez nous le format d'adresse
"homme"
- Voilà ce que je voulais dire, la différence de sexe est soulignée même
dans une conversation. Et dans les agences de mariages qui lient des étrangers
avec des Ukrainiennes on souligne toujours
"une femme non-émancipée".
- Que voulez-vous dire
par-là ?
- Qu'on présente une femme comme un objet.
Les Ukrainiennes sont belles, bonnes, pleines de sollicitude, ne cherchent pas
à faire une carrière et ne sont pas exigeantes. Tout l'ouest sait que si tu
veux te marier comme il y a 50 ans, que tu cherches une esclave - va en
Ukraine. Les agences vendent leurs femmes à l'esclavage.
- Je pense que c'est
juste. Si elle cherche le maître, et lui, si il cherche une esclave, ils
forment un bon couple.
- Si vous pensez comme cela - c'est très mal.
- Bien sûr, j'exagère. Mais parmi toutes ces femmes il y en a qui
ont tellement de malheurs qu'elles sont prêtes à tout pour avoir seulement de
quoi manger, le quotidien assuré pour ses enfants, et enfin, avoir un toit.
Pour avoir une réflexion soutenue sur des sujets spécialisés, il faut être une
personne assez complexe. Toutes les Ukrainiennes ne sont pas comme ça.
- Croyez-vous que c'est normal qu'une mère
mène sa fille dans une agence de ce genre ?
- Elle ne désire que son bonheur. Et peut-être qu'au fond de son
âme elle espère qu'ensuite, sa fille l'aidera. Sa fille est son capital....
Avez-vous déjà rencontré des Ukrainiennes qui ne veulent pas se marier avec des
étrangers ?
- Oui, j'en ai déjà rencontré. Ces femmes
disaient que leur avenir est en Ukraine et qu'elles voulaient travailler pour
améliorer leur pays. Mais c'est plutôt une exception. En général ces femmes ont beaucoup voyagé et peuvent porter un
jugement objectif de leur pays. Je dis souvent:
" l'Ukraine est une chambre avec une vitre sale. Tout le monde regarde par
cette fenêtre et ne voit pas une bonne image du monde. Tous les regards se
portent vers l'Amérique. Mais il y a encore l'Afrique, Cuba où la vie est plus
dure qu'ici ".
- Il n'existe
rien d'idéal. Par exemple, quand pendant l'URSS les avortements étaient permis,
les Françaises jusqu'aux années 70 les faisaient en secret. Avant les années 50 les Françaises n'avaient
pas de droit d'ouvrir leur propre compte bancaire. Aujourd'hui les femmes qui
veulent s'occuper de business ou de politique, ont aussi certains problèmes.
Seulement 13% de nos députés sont des femmes. Quoiqu'il y a 3 ans, une loi est
apparue sur la proportion minimale obligatoire de femmes dans les organismes de
gestion, soit 40%. Nous attendons les résultats de cette loi dans les élections
prochaines, mais cette loi est apparue parce que les Françaises se défendent et
luttent pour leurs droits.
- En Ukraine le rôle de femme reste très en retrait dans les
petites villes et villages. Il n'y a là-bas aucune émancipation féminine. Et en
France ?
-
Chez nous il n'y a pas de grande différence entre les centres urbains et
la campagne. Il y a néanmoins une divergence dans l'approche des différentes
générations. Dans les villages et dans les villes toutes les obligations dans
le ménage sont partagées équitablement. Chez vous, c'est vraiment un problème
de société, car il n'y a pas une grande communication entre la ville et la
campagne. En France ces liaisons sont beaucoup plus fortes. Les gens qui font
leurs études en ville rentrent ensuite au village. En Ukraine ils font tout
pour rester en ville. Chez vous, on peut même observer une grande distinction
dans les vêtements d'un habitant des régions rurales et ceux d'un citadin.
- J'ai
visité vos villages et je me suis rendu compte que le travail des femmes est
très dur, elles sont vraiment des esclaves dans leur maison. Elles ne
s'imaginent pas ce qui se passe dans les grandes villes. Vous n'avez même pas
une presse nationale. Dans les campagnes, on peut capter une ou deux chaînes
télévisées. J'ai peur qu'il faille au moins 50 ans pour que l'émancipation
touche les villages ukrainiens.
- La
société française devient de plus en plus androgène. Les femmes et les hommes
portent les mêmes vêtements. En Ukraine, c'est très rare, même dans les milieux
étudiants.
- Mais c'est un proverbe
français: « Belle femme - femme assurée d'elle-même » Mais une femme sûre
est une femme bien vêtue.
- Il me semble que les Ukrainiennes se cachent
derrière leurs vêtements. Elles y cherchent la certitude, qu'elles n'ont pas.
Voila pourquoi vos députés conduisent des Mercedes. Les Ukrainiens pensent
vraiment beaucoup aux vêtements et ils y mettent plus d'élégance, que disons,
les Français.
- Un jour une diplomate Suédoise a dit que les femmes se mettaient
comme aux jours du "Chic parisien",
elles préféraient les talons
hauts. Elle ne les trouvait pas trop sages.
- C'est vrai. Pour nous cette manière de
s'habiller appartient au passé. Quoique j'admette qu'au sens des normes votre
manière est plus correcte. Vous cherchez dans votre vêtement la certitude et
nous, l'aspect commode. D'un autre côté, la façon de s'habiller des Français
reflète plus de leur monde intérieur. En France la diversité est plus grande,
il est plus simple de rester authentique. En Ukraine les femmes préfèrent plus
souvent les jupes qu'en France. Et les Ukrainiens préfèrent les femmes en
jupes.
- Chez nous il est normal de croire qu'entre une femme et un
homme, il doit y avoir une différence. Est-ce que vous ne préférez pas une
femme qui ressemble à une femme?
- Qui ne ressemble, mais qui EST une
femme. L'extérieur n'est pas le plus
important. Et souvent, l'apparence est fausse. Je ne vais pas me marier avec
une femme seulement parce qu'elle est belle.
- Mais quand même dans la foule un homme fait attention à une
femme bien maquillée, et bien vêtue, n'est-ce pas?
- Oui - normalement. Mais quand elle donne
cette image, elle devient un objet de passe-temps pour l'homme. En même temps
cela ne signifie pas qu'elle se sente dans ce rôle. Pendant la discussion les
Ukrainiennes expliquaient qu'elles se maquillaient pour elles-mêmes et
choisissaient les vêtements de même, ensuite, pour les autres. Pour une
Française, se sentir sûre de soi-même, il ne faut pas ni maquillage ni
vêtements particuliers.
- Les
étrangers qui viennent en Ukraine, prennent les jeunes filles ukrainiennes pour
des prostituées: beaucoup de cosmétique, petites jupes, collants noirs, comme
dans les films de série B américains.
Et voici encore un modèle auquel elles s'attachent et qui va influer de
façon néfaste leur avenir, le look
«bimbo»: Une fille sympathique dans tous les sens mais très agressive,
qui utilise sa jeunesse et sa beauté pour assurer sa vie. Mais quand la beauté
et la jeunesse passent - que se passe-t-il après ? Est-ce qu'il ne faut pas
mieux développer l'intellect et ses talents? A mon avis le modèle traditionnel
ukrainien du cinéma n'est pas meilleur: toutes les jeunes femmes sont dans des
chemises blanches, avec des couronnes sur la tête, elles se baladent dans les champs et dans les
forêts, ou bien elles font le ménage dans leur maison, nourrissent leurs
bébés, prennent soin de leur mari. A
mon avis la première féministe en Ukraine était Mavka du poème de Lessya
Oukrainka (Explication : Mavka est
une ondine qui est devenue une fille, c'est à dire une mortelle pour se marier
avec un homme. Mais cet homme l'a abandonné pour une femme de meilleur parti
sous la tension de sa mère. Mavka est devenue folle... Le poème s'appelle
"La chanson du bois" - très tendre et triste poésie). Oui, les filles
ukrainiennes sont très belles. Mais dans notre café-débat une Américaine qui
participait, a dit: « la beauté n'est pas la chose la plus importante pour une
femme, la plus importante, c'est le
charme». Je suis d'accord avec elle.
Etre belle est le plus simple (on peut la dessiner, la peindre), tandis
qu'avoir du charme, cela est plus difficile, car cela vient de l'intérieur.
- L'image d'une femme soviétique cultivée pendant des dizaines
années sous URSS, qui "stoppe un cheval
qui court, qui entre dans l'izba brûlée» (c'est les mots du poème de
Nekrassov consacrés à la femme russe),
ne pouvait pas prétendre au charme
ou bien à la féminité. Peu de gens réfléchissaient à cette notion en
Ukraine jadis. Quoique je puisse citer beaucoup de femmes, qui ont du charme à
mon avis.
- J'ai eu l'opportunité de rencontrer des femmes âgées qui avaient
du charme, quoique, pas beaucoup. Et parmi les jeunes ou bien les femmes d'age moyen,
je n'en ai jamais croisé.
- Je pense que vous n'avez pas eu de chance, tout simplement. Et à
votre avis, l'homme ne doit pas avoir du charme?
- Vous serez étonnée mais
j'ai rencontré beaucoup d'hommes en Ukraine qui ont du charme ( et ne croyez
pas, que j'appartienne aux minorités sexuelles ). Dans les hommes ukrainiens je
ressens plus d'indépendance et cela ajoute du charme à mes yeux. Mais je vous
en prie, n'embrouillez pas cette notion
avec le charisme, car on peut posséder du charme, sans posséder de charisme.
Peut-être que je suis insensible au charme des Ukrainiennes, parce que pour moi
l'indépendance d'une personne est un composant obligatoire, pour être charmé. Un homme a énoncé pendant la discussion la
chose suivante: « Vous voulez transformer l'Ukraine en France (à propos de cela,
je ne le veux pas). En France toutes les femmes sont très indépendantes et
c'est un grand problème. Il est venu avec cette idée et il est reparti avec.
Malheureusement c'est une mentalité typique pour les hommes ukrainiens.
Toute personne qui veut s'exprimer à propos de ce sujet,
peut contacter Jean-François Bougeant en téléphonant au CFDF pendant la
journée..
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